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Alors ...

Retour

En choisissant de vivre cette expérience, je me suis dit que j'allais vivre une aventure inoubliable et que je reviendrai au Canada avec, au moins, certains bagages (émotionnel et technique).

 

Je n'ai guère cessé, durant ces deux mois et demi, de comparer le Nicaragua à mon pays d'origine, le Sénégal. Effectivement, ce sont deux pays du sud (tiers-monde ou pays en développement comme diraient certains) mais au-delà de l'aspect économique, je me suis un peu sentie comme chez moi, à Dakar.

 

Au détour d'un chemin, je croisais bon nombre d'arbres fruitiers ou «décoratifs» : du cerisier du Cayor que ma maman avait dû couper car de petits pilleurs du fruit jaune saccageaient son jardin en passant par le sapotillier, tous ces arbres qui ont bercé mon enfance étaient là.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et quelle ne fut ma surprise de découvrir que la flor de Jamaica (fleur de Jamaique ou hibiscus) n'est nulle autre que cette plante qui s'est propagée en Afrique de l'ouest et qui a donné naissance au jus de bissap, boisson nationale du Sénégal, entre autres.

Dans mon assiette, le «gallo pinto» (plat traditionnel du Nicaragua et national du Costa Rica à base de riz et d'haricots) de ma mère d'accueil, Rosa avait la même saveur que le «thiébou kethiakh» (riz au poisson séché avec des haricots très farineux plus communément appelés «niébé» ou fèves de marais), ce plat qu'on aime bien agrémenter d'une sauce au tamarin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ne parle même pas du sable. Même si celui de l'île de la paix est noire car volcanique, il n'en demeure pas moins qu'il rentre entre les doigts de pied et procure ce contact intime avec le sol.

 

Toutes ces constatations m'ont permis de ne pas me retrouver dans un environnement «étranger» et de ne pas vivre ce que certains pourraient appeler un mal du pays ou un choc culturel.

Cependant, avais-je sérieusement le droit d'avoir ce mal ou ce choc vu que cette dernière décennie qui vient de s'écouler m'a vu migrer vers deux pays, deux continents complètement différents : la France et le Canada, l'Europe et l'Amérique ?

Etre issu de l'immigration est-il vraiment synonyme d'adaptation plus facile ?

 

 

Et ...
Donc ...

... ben oui mais non ...

Même armé de toutes les connaissances inimaginables, même après avoir vécu dans un pays dit «du Sud», et tout le bla bla bla pouvant s'y rapporter et servir d'exemple ... jamais, au grand jamais, on est assez - voire très bien - prêt à vivre une pareille expérience. 

Emile Zola disait que rien ne développe l'intelligence comme les voyages. Force est de constater que cette citation est véridique. 

 

J'ai fait un choc anaphylactique - à cause d'une fourmi noire - mais j'ai également été choquée dans le bon sens. Vivre dans cette famille m'a permis de développer certaines aptitudes. Certains diront que cela n'a pas de sens ou qu'il y a de l'exagération dans l'air. Or, l'aptitude à une valeur ou à un état d'esprit n'est pas égale pour tous les hommes. 

Je peux voir de manière concrète, même après le retour, le travail que j'ai réalisé. La fierté me monte, je dois l'avouer, un peu à la tête. Savoir que j'ai laissé une trace au sein de cette communauté me réjouit mais pas autant que les traces que cette dernière a pu laisser dans ma vie.

Ne nous voilons pas la face ! Il y a eu des ô comme des bas. Cependant, la balance penche plus en faveur de l'aspect positif de ce stage. 

Des larmes ont coulé ...

Des fous rires se sont estompés ...

Une porte s'est fermée ... 

Mais ...

Un lien se forge, de jour en jour, avec ce pays, cette communauté, cette famille.

On s'appelle cousins et cousines.

On s'entraide même après QSF. 

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